Parce qu’un médicament ne se prend pas à la légère, et que ses modalités de délivrance sont soumises à une législation stricte (en tout cas en France et en Europe), une petite mise au point s’impose sur ces « médicaments » que des sites peu scrupuleux vous proposent d’acheter à des prix défiants toute concurrence…
Pour comprendre de la puissance d’internet cette première diapositive (la 4ème sur la présentation) issue du journal du geek résume l’activité d’internet dans le monde en une minute. Les chiffres sont édifiants.
La seconde diapositive insiste sur la puissance des réseaux sociaux, réseaux très souvent négligés par les pharmaciens d’officine français et les laboratoires pharmaceutiques.
Pourtant leur rôle reste crucial pour se bâtir une e-réputation honorable.
Les 3 diapositives suivantes, issues d’infographies 1001 Pharmacies et UNOOC reviennent sur les états autorisant la vente en ligne des médicaments dans le monde. Etats Unis et Canada en sont les précurseurs, il suffit, pour se rendre compte de la facilité pour acheter un médicament en ligne, de se rendre sur Amazon Canada ou Amazon USA…
En Europe, les anglais ont commencé dès 1999, avec un modèle dit « pure player », c’est à dire un site internet non adossé à une officine physique. Les allemands ont été les plus médiatisés en 2003 avec l’arrivée de Doc Morris, qui a fait, et fait encore, coulé beaucoup d’encre dans le milieu pharmaceutique.
Dix années et 1900 millions de chiffre d’affaire séparent donc le marché français du marché allemand quant à la vente en ligne des médicaments. Ce qui nous montre bien qu’il faut un peu de temps pour que la vente en ligne rentre dans les mœurs des utilisateurs. La dernière diapositive de cette série pointe le retard français en matière de vente en ligne de médicaments et de l’automédication en comparaison de ses voisins européens. Chez ces voisins, aucun mésusage de médicaments vendus sur Internet n’a été rapporté, ce qui devrait finir par convaincre les plus réticents…
Les quatre diapositives suivantes nous dévoilent que les français n’attendant plus après leur médecin ou leur pharmacien pour obtenir des informations sur la santé et les médicaments. Internet est devenu un outil incontournable. L’étude TNS Sofres de 2010 nous montrait déjà que la santé restait une préoccupation majeure. Ce que nous pouvons constater par nous même en surfant sur les forums dédiés de sites comme doctissimo, e-santé ou top santé… L’étude UNOOC nous surprend même en nous apprenant que 13% des français interrogés ont déjà acheté des médicaments en ligne, 26% sont prêts à passer à l’acte… L’éloignement (ruralité), comme pour les autres types d’achats en ligne, reste la principale cause de l’utilisation de ce service. Motivations et réticences des français sont, finalement, résumées et correspondent bien à l’analyse qui a été faite jusqu’à présent. La principale attente des utilisateurs reste une certification fiable des sites vendeurs.
En France, à peine 1% des pharmaciens se sont lancés dans la e-pharmacie (en 2014). L’ordonnance du 19 décembre 2012, complétée par son décret d’application du 31 décembre 2012, fixe, en France, les modalités de dispensation des médicaments par commerce électronique. Les conditions d’ouverture d’un site sont drastiques et contraignantes, le cahier des charges demandé par les Agences Régionales de Santé l’est tout autant (pour l’obtenir, je vous invite à consulter le site de votre A.R.S. via le portail national des A.R.S.).
La réglementation actuelle nous démontre qu’un site internet de vente en ligne n’est pas à la portée de toutes les officines. Le rapport sur les professions réglementées d’octobre 2014 en fait le constat et préconise un allègement des conditions de mise en place. Aucune suite n’y a été donné pour le moment. Le 20 mars 2015, l’arrêté relatif aux bonnes pratiques de dispensation des médicaments par voie électronique a été annulé par le Conseil d’État en le rendant inconstitutionnel. Cela n’indique cependant pas une brèche où se précipiter pour les officinaux. Le Ministère de la Santé devrait très rapidement proposer un nouveau texte pour encadrer les contrôles et conseils pharmaceutiques obtenus sur le site, ainsi que les modalités de livraison des médicaments achetés par cette voie.
Alors quelles options proposées aux officinaux face à la e-pharmacie ?
Les pharmaciens français restent majoritairement opposés à la vente en ligne des médicaments, pour de raisons peu recevables quand on constate que ce mode de dispensation se passe très bien dans les pays qui l’ont déjà mis en place. Nous pouvons même constater un discours inverse quand il s’agit de mettre en place la vaccination en officine (qui se passe aussi très bien dans les pays qui l’ont mis en place, arguments récupérés pour convaincre instances et médecins).
Moins de 1% des officines françaises se sont lancées dans l’aventure. Nous pouvons avancer un carcan législatif trop contraignant pour leur faciliter la tâche. Mais il ne faut pas oublier non plus que 25% des officines en France comptent un pharmacien titulaire et un préparateur (source Ordre National des Pharmaciens), officines qui ne pourront jamais se permettre l’acquisition d’un site de vente en ligne, faute de temps et de moyens. L’impossibilité de communiquer reste aussi un lourd handicap (comme pour le matériel médical) pour espérer obtenir rapidement un retour sur investissement.
Pourtant la pharmacie française est enviée pour sa sécurité de dispensation des médicaments et le professionnalisme de ses intervenants. Pourquoi les pharmaciens français, plutôt que de lutter à contre courant, ne proposent-ils pas leur savoir faire pour jeter les bases de la sécurisation des e-pharmacies et par la même occasion faire évoluer leurs conditions d’exercice ?
La proposition de vente en ligne des médicaments est une réelle opportunité pour les pharmaciens.
A défaut de vendre des médicaments par voie électronique, pour le moment, le pharmacien de France peut reprendre sa place au sein des réseaux sociaux et faire valoir ses compétences et son savoir faire pour redevenir LE professionnel du médicament qu’il a toujours été, mais dont la place a été mainte fois usurpée ces dernières années. Créer une page Facebook, animer un blog pour sa pharmacie, autant d’outils faciles à mettre en place pour améliorer son e-réputation. Mais cela devra aussi se faire avec l’aval de l’Ordre National des Pharmaciens…
Comme nous l’avons vu plus haut, la contrefaçon des médicaments est la principale réticence des français à acheter en ligne, à juste titre. Les deux prochaines diapositives proviennent d’une infographie diffusée par EuroClinix. L’Organisation Mondiale de la Santé estime à 50% le pourcentage de médicaments contrefaits achetés sur Internet, dans le monde. Interpol monte même à 60%… Le marché est juteux et bien plus rentable que celui de la drogue. Parmi les médicaments les plus contrefaits, le Viagra® et autres médicaments utilisés en cas de dysfonctionnement érectile arrivent en première place, suivis par les somnifères, les traitements pour perdre du poids et contre la grippe. Interpol et les laboratoires pharmaceutiques ont lancé des opérations d’envergure, depuis 2008 afin de lutter contre ce fléau : les opérations Pangea. Nul doute que ces opérations vont continuer à l’avenir, en parallèle à la sécurisation des modalités de dispensation par voie électronique, à l’échelon national, européen et mondial.